L'histoire
La Décade commence comme ça:
“Tu devrais pas m'laisser la nuit Je peux pas dormir, j'fais que des conneries.”
Novembre 1980: Lucas, fraîchement débarqués de sa province, attaque une carrière d’Inspecteur à la BSP, plus connue sous le nom de “Brigade des Mœurs”. Il partage un appartement avec son meilleur pote, Vasco, fils d'immigrés portugais, journaliste, chroniqueur mondain, D.J. d’une radio pirate et déjà plus parisien qu’un parisien.
Coluche annonce sa candidature à l’élection présidentielle, Lio chante “Banana Split”, les radios pirates explosent la bande FM. Ce sont les années Palace, les années “Buvez-Éliminez”, Paris commence la décennie avec un optimisme consumériste et fêtard.
Petit nouveau dans la Brigade, Lucas est énergiquement cornaqué par Sophie, Inspecteur Principal, une flic efficace et ambitieuse. Ce qui n’empêche pas Lucas de commettre toutes les erreurs de débutants. C'est lui qui nous raconte les affaires de sexe et de drogues, les virées nocturnes dans Paris capitale du vice, les rencontres sordides ou ensorcelantes, les trajectoires tumultueuses de ses meilleurs potes, Vasco le nightclubber, et la magnifique Sophie, castagneuse et irrésistible.
Comme nos héros, les auteurs du roman ont parcouru le Paris 80's entre la rue Saint Denis et la rue Montorgueil, de Pigalle au Palace, du Bois de Boulogne à Montmartre: Patrice Henry était un jeune flic de la Brigade des Moeurs; Marc Rosati un prof d'anglais à la Sorbonne et un fêtard du Palace; Phil Ox, un animateur de radio libre chez Boulevard du Rock, 92.6 Mhz. Toutes les histoires qu'ils racontent sont tirées de leurs souvenirs et de leur imagination fertile...
Lucas
C’est un Belmondo, un D’Artagnan, haut en couleur, chien fou, idéaliste, sentimental, romantique, formidable. Lucas paye souvent de sa personne, premier à recevoir un coup de poing, renversé par une bagnole en fuite ou cible involontaire. Il a des certitudes, que la vie se charge de remettre en question. Ses histoires sentimentales n’ont pas de sens, il lit très mal les femmes, c’est un cœur d’artichaut. Très vite, Lucas découvre toutes les ambiguïtés de sa fonction d’inspecteur aux Moeurs, la fascination irrésistible qu'exerce l’interdit, la marge, le milieu.
Sophie
Sophie n’a pas le choix, elle excelle car ses collègues sont soit misogynes, soit phallocrates. À la Brigade des Moeurs, elle est transiente, elle voit plus loin, elle voit plus haut, elle dirigera la Crime ou la Brigade Anti Terroriste. Avec son collègue et subalterne Lucas, c’est compliqué. Il l’a mise sur un piédestal, respect, amitié, amour —elle n’a pas le temps d’être sentimentale. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est indifférente mais elle est surtout pragmatique: elle avance. Elle couche même parfois utile, sans se forcer.
Vasco
Même si Vasco a fait les 400 coups au Havre avec Lucas, leur différence est plus remarquable que tous leurs points communs. Vasco est fils d’ouvriers portugais, libertin, parisien d’adoption alors que Lucas est fils de notable, pudibond, provincial. Ils sont complices.
Mais pas inséparables. Vasco est le produit de son époque — quelque part entre Pacadis et De Caunes. Il s’apprête à traverser le PAF, la presse écrite, la radio libre, la télé privée. Il est le jeune homme providentiel, brillant, médiatique. Une trajectoire de paillettes et aussi d’excès.
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